Tribune parue dans le magazine AUDIENCE n°8

Retrouvez notre tribune écrite avec Rafik Smati dans le magazine AUDIENCE, aux côtés de celles de Nicolas Bouzou, Philippe Bilger, Jean Ziegler, Jacques Séguéla, ou encore Chantal Jouanno. Nous y défendons la vocation maritime de la France.

Tribune parue dans le magazine AUDIENCE n°8

Retrouvez notre tribune écrite avec Rafik Smati dans le magazine AUDIENCE, aux côtés de celles de Nicolas Bouzou, Philippe Bilger, Jean Ziegler, Jacques Séguéla, ou encore Chantal Jouanno. Nous y défendons la vocation maritime de la France.

AUDIENCE est un trimestriel édité par le prestigieux cabinet d'avocats Adekwa, qui s'est fait connaître avec ses interviews décalées de personnalités comme Alain Juppé, Anne Roumanoff, Alain Afflelou ou Raphaël Enthoven, et des initiatives comme "Eux présidents" dans le cadre de la campagne de 2017.

Vous trouverez ici un lien vers le journal en accès libre, et le texte de la tribune ci-dessous.

La France, le pays où le Soleil ne se couche jamais

« Hexagone » : la France a un surnom particulièrement ancré. Pourtant, elle mériterait mieux celui d’« Archipel ». Notre pays est le seul à être présent sur tous les Océans du Globe, le seul sur lequel le Soleil ne se couche jamais. Notre zone économique exclusive (ZEE) est avec 11 millions de km2 la deuxième du monde, et ses richesses méritent qu'on la valorise autant que notre territoire terrestre : en raisonnant ainsi, la France n'est pas le 41e pays du monde, mais le 6e, avec une superficie plus large que celles de la Chine ou de l'UE ! Notre ZEE recèle d'immenses ressources halieutiques, mais aussi des hydrocarbures et des métaux indispensables pour les industries du futur.

Plus près des côtes, la France dispose par exemple d’un potentiel unique dans les énergies marines renouvelables (EMR). Aujourd'hui en retard sur nos voisins européens, nous avons tout pour faire émerger une filière industrielle privée des EMR, capables selon diverses études de créer des dizaines de milliers d'emplois et de redynamiser des territoires sinistrés tout en accélérant la transition énergétique. Dans le domaine des biotechnologies, l’alliance de notre génie scientifique et de nos ressources halieutiques pourrait permettre des révolutions dans divers domaines tels que la santé, l’alimentation (protéines non carnées…) ou l’économie circulaire (écoproduits comme le plastic d’algues biodégradable). L’économie maritime représente 400 000 emplois directs en France, et pourrait en créer 300 000 en cinq ans si nous nous en donnions les moyens.

Mais notre classe politique ignore depuis des décennies ces formidables atouts. La France laisse par exemple sa ZEE se faire piller faute de surveillance par la Marine nationale ; alors que la haute mer sera bientôt un enjeu de conflictualité majeur, nous risquons de voir notre souveraineté contestée et bafouée dans un futur proche.

Autre exemple : nos ports, si stratégiques dans un monde où 90% des échanges se font en mer, sont marginalisés par leur manque de compétitivité et mal connectés au territoire, ce qui contribue à renchérir inutilement nos importations et exportations. Le tonnage de l'ensemble des ports français équivaut aujourd'hui à celui d'Anvers, et notre premier port de conteneurs, Le Havre, est à peine au 60e rang mondial alors que son arrière-pays jusqu'à l'agglomération parisienne devrait permettre d’en faire un port mondial. Un gâchis économique au goût d’humiliation pour une puissance de notre rang. Dans bien d’autres secteurs, la France délaisse son incroyable potentiel maritime.

Le mouvement Objectif France, rassemblement de la société civile et d’élus de terrains qui se développe dans toute la France, portera parmi ses idées un grand projet pour la Mer et la croissance bleue. Nous expliquerons aux Français que la Mer est une réponse forte à certaines difficultés nationales, et nous montrerons que la vocation maritime de la France peut être un horizon commun, pilier d’un récit collectif analogue à celui de la conquête spatiale dans l’Amérique des années 1960. La France doit enfin se considérer comme un leadeur maritime, ce qui implique des devoirs tels que celui d’être à l’avant-garde de la protection des Océans. Elle doit ériger en priorité nationale la valorisation, la défense et l’exploitation de ses atouts maritimes, qui lui profiteront tant.

« Les larmes de nos souverains ont le goût salé de la mer qu'ils ont ignorée », disait Richelieu : réconcilier enfin la France avec sa vocation maritime contribuerait pourtant à redonner aux Français le goût du futur. Avec Objectif France, nous imposerons dans le débat public l’idée que la Mer est peut-être l’avenir de la France.