Quelle politique française pour l'intelligence artificielle ?
Face à l'IA, le discours politique est dans une posture défensive : il nous faut au contraire une stratégie offensive. Plutôt que de vouloir lutter (illusion) contre les entreprises et technologies étrangères, nous devons créer en France un écosystème favorable au développement de l'IA.
Face à l'IA, le discours politique est dans une posture défensive : il nous faut au contraire une stratégie offensive. Plutôt que de vouloir lutter (illusion) contre les entreprises et technologies étrangères, nous devons créer en France un écosystème favorable au développement de l'IA.
L'Intelligence artificielle (IA) constitue l'un des enjeux de civilisation les plus importants du XXIe siècle, et que toute force politique se voulant visionnaire et à la hauteur des défis doit prendre ce sujet très au sérieux. La santé, les transports, l'industrie, le logement, l'éducation, le marché du travail, notre système de protection sociale ou la Défense et la sécurité, pour ne citer qu'eux, vont être bouleversés par les progrès de l'IA dans un futur proche. À plus long terme, ce sont notre rapport au vivant, notre conception de la vie politique et les fondements de notre contrat social qui seront remis en cause par l'intelligence artificielle et les autres révolutions technologiques qui lui sont et seront liées.
Ces enjeux semblent parfois lointains, mais ils se concrétiseront bien plus vite que ce à quoi nous sommes préparés aujourd'hui : face à un défi comme l'IA, les choix que nous ferons dans les dix prochaines années conditionneront en grande partie ce que sera la France de 2050. Selon la formule de Churchill, il nous faut prendre le changement par la main avant qu'il ne nous prenne à la gorge.
Mais tout comme la transition écologique ou la gestion des flux migratoires, l'intelligence artificielle est un enjeu qui ne peut être relevé à l'échelle de la seule France : si nous voulons que notre pays puisse se saisir de cette révolution technologique au lieu de la subir, il nous faut nous battre pour une réponse européenne. Alors que les États-Unis (via les GAFAM, dont le pouvoir est supérieur à celui de la plupart des États) et la Chine (via les BATXH et des programmes d'investissement titanesques) font de la maîtrise de l'IA un outil de domination, l’Europe et la France sont en voie de marginalisation dans la lutte pour cette technologie d'avenir.
Si nous ne réagissons pas dans les toutes prochaines années, nous deviendrons définitivement les colonies numériques des géants américains et chinois. L'Union européenne doit faire de l’IA une politique à part entière avec des investissements à la clé, et adopter vite une législation à la hauteur des défis.
A son échelle, la France conserve un vaste potentiel dans l'Intelligence artificielle, et peut devenir le leadeur européen dans ce domaine. Aujourd'hui, Emmanuel Macron et son Gouvernement tentent de faire face au défi de l'IA avec une posture à la fois défensive et étatiste. Défensive, parce que l'exécutif tente de légiférer, de réglementer sans comprendre à quel point la vague de l'Intelligence artificielle rendra bientôt obsolètes la plupart des réformes de l'actuel quinquennat. Étatiste, parce que le Gouvernement se félicite de sa « taxe GAFA » qui pénalisera surtout les entreprises et consommateurs français, et reste dans la vieille logique des plans étatiques, comme le montre l'initiative « AI for Humanity » lancée par Emmanuel Macron.
Il nous faut au contraire une stratégie offensive et libérale pour faire face au défi de l'IA. Plutôt que de vouloir lutter contre les entreprises et technologies étrangères avec des taxes et réglementations qui nous tirent une balle dans le pied, nous voulons créer un écosystème favorable au développement de l'Intelligence artificielle en France. Plutôt que de subir la révolution de l'IA et de s'y adapter par le bas, nous voulons nous en saisir avec une vision et une stratégie à long terme, comme le font aujourd'hui les pionniers de l'IA aux États-Unis et en Chine.