Présidentielle 2017 : il y a urgence à parler de la francophonie ! (17/03/17)
Le 20 mars aura lieu la Journée internationale de la francophonie. Le même jour, les 5 principaux candidats à l'élection présidentielle débattront sur le plateau de TF1. En dépit de l’incroyable atout que constitue la francophonie, celle-ci est absente de la campagne.
Le 20 mars aura lieu la Journée internationale de la francophonie. Le même jour, les 5 principaux candidats à l'élection présidentielle débattront sur le plateau de TF1. En dépit de l’incroyable atout que constitue la francophonie, celle-ci est absente de la campagne.
Les principales statistiques sur la langue française sont connues :
• Autour de 285 millions de locuteurs en 2015 (+10 en un an), dont 210 à 215 millions de personnes la parlant quotidiennement
• 125 millions de personnes apprennent notre langue, 76 millions d'élèves ou d'étudiants ayant le français en langue d'enseignement en 2014
• Pour 2050, la plupart des rapports estiment que le nombre total de francophones atteindra les 700 à 770 millions, faisant ainsi de la sphère francophone le 4e espace géopolitique mondial… si l'on s'en donne les moyens*.
Celles sur le poids réel de la sphère francophone, un peu moins :
• 16% du PIB mondial, avec un taux de croissance porté par les pays francophones africains à 7% en moyenne
• 14% des ressources énergétiques et minières de la planète
• le 6e espace géopolitique du monde en termes de poids démographique
• Exemple « de terrain » : pour la seule France, on estime que l’appartenance à cet espace a permis (en 2006) la création de 28 600 emplois et a engendré un gain de 710 euros par habitant
Aux pays strictement francophones, il faut ajouter les pays "francophiles" qui, à l'instar de ce géant en devenir qu'est le Nigeria, ont tout intérêt à ce que leurs citoyens apprennent le français. En effet, deux pays ayant une langue en partage échangent environ 65% de plus : la francophonie est le meilleur atout commercial d'une Afrique qui entre en phase de forte croissance. Nous n'entrerons pas ici dans les détails de ce décollage économique, qui fera l'objet d'un autre article sur ce site.
*Le nombre de francophones pourrait au contraire baisser dans les scénarios les plus pessimistes, si la France n’agit pas dès le prochain quinquennat pour construire un véritable projet francophone.
Pour des données plus vastes, vous pouvez consulter le rapport "La francophonie et la francophilie, moteurs de croissance durable", remis en 2014 au Président de la République qui l'a laissé sur une étagère, entre celui de 2013 sur le "Partenariat pour l'Avenir" avec l'Afrique et celui plaidant "Pour une économie positive".
L’objet de ce très court article n’est ni de dresser un rapport détaillé sur les réalités de ce gigantesque univers, riche d’atouts et de potentiels sous-exploités, qu’est l’espace francophone. Ni de faire une série de propositions pour animer le débat ; deux articles seront publiés sur ce site dans cette optique. Mais d'alerter contre l'incroyable gâchis que représente l'absence total de considération des prétendants à l'Élysée pour ce qui constitue pourtant l'une de nos meilleures chances de redevenir à terme une grande puissance, prospère et dynamique.
L'absence totale de vision des (principaux) candidats à la présidentielle concernant la francophonie
Du renforcement de la croissance à la politique de Défense et du numérique à la protection de l'environnement, l'atout francophone constitue l'une des meilleures réponses aux thématiques de cette campagne présidentielle. Que prévoient les principaux candidats à ce sujet ? À peu près rien.
Dans le programme de François Fillon, seuls les points 16 et 18 du volet "Politique étrangère" abordent très rapidement l'enjeu francophone. Même la chasse, à courre et à cri, bénéficie d'une page entière de programme !
Chez Emmanuel Macron, rien dans son programme de 32 pages (dont 10 de propositions) sur le sujet. Rien dans son "Contrat avec la nation", ni dans sa "Stratégie économique". Dans un onglet "international", au sein d'un paragraphe sur un partenariat flou avec l'Afrique, quelques lignes appellent à soutenir la langue française au travers de quelques institutions déjà existantes.
La 64e partie (sur 83) du programme de Jean-Luc Mélenchon "L'Avenir en commun", page 99, est déjà plus ambitieuse, mais se cantonne à la seule question culturelle. Il est toujours question de soutien à divers organismes et établissements soutenant la langue française, mais pas de lancer une véritable ambition pour le 21e siècle.
Concernant le programme de Marine Le Pen, on trouve, sur 144 engagements, quelques mesures de circonstance sur la francophonie qui n'ont rien à voir avec l'esprit de cette dernière, "Égalité, complémentarité, solidarité".
Reste le programme de Benoît Hamon : le candidat socialiste propose de fonder un "Pavillon de la langue française", et rien d'autre.
Un sujet aussi déterminant pour l'avenir de notre pays, mais aussi de la communauté internationale, nécessite plus qu'un programme qui tienne sur un post-it. Imagine-t-on un programme sur l'éducation qui se limiterait à un formel "il faut soutenir nos professeurs et leurs classes" ? Concevrait-on un plan de lutte contre le chômage qui tienne en un tweet ? Aujourd'hui sujet annexe et secondaire des programmes des candidats à la magistrature suprême, la francophonie devrait pourtant être considérée comme l'un des principaux piliers de l'action présidentielle.
Léopold Sédar Senghor, promoteur d'une véritable francophonie politique, disait rêver "d'un monde de soleil dans la fraternité de mes frères aux yeux bleus".
Que les candidats se saisissent enfin de la question francophone ! Seul un seul responsable politique, encore largement inconnu, fait de la Francophonie un axe majeur de sa vision pour l'avenir de notre pays : Rafik Smati, le président du mouvement Objectif France, qui saura j'espère faire entendre sa voix dans les prochaines années.