Économie circulaire : le « zéro déchet » sous 15 ans, un objectif réalisable
Parmi les grands chantiers à mener pour la transition écologique, le passage une économie circulaire est l'un de ceux qui peuvent être conduits le plus rapidement. Un objectif « zéro déchet non recyclable » peut être atteint en 15 ans, avec création d'emplois et d'activité à la clé.
Parmi les grands chantiers à mener pour la transition écologique, le passage une économie circulaire est l'un de ceux qui peuvent être conduits le plus rapidement. Un objectif « zéro déchet non recyclable » peut être atteint en 15 ans, avec création d'emplois et d'activité à la clé.
La lutte contre le réchauffement climatique ne peut se faire à l'échelle de la seule France ; la transition énergétique doit se faire selon une stratégie raisonnée, qui n'est pas celle défendue par les écologistes idéologues ; la protection et la revitalisation de la biodiversité exigent des efforts patients et souvent incertains ; en revanche, le passage vers un modèle de production et de consommation durable et responsable ne doit pas attendre et dépend d'une volonté politique nationale.
En faisant de l'économie circulaire une priorité, nous pouvons parvenir de manière réaliste à un objectif de zéro déchets non recyclés d'ici 10 à 15 ans. C'est à la porté de notre pays. Nous pouvons enfin sortir de l'ère du tout-jetable et libérer l'économie circulaire que des entreprises, des collectivités, des associations ou tout simplement des citoyens avertis tentent de construire à leur niveau.
Si la France est un bon élève, y compris européen, sur bien des aspects de la protection de l'environnement, les conséquences de notre modèle actuel de consommation sont sans appel.
Notre pays produit tous les ans 345 millions de tonnes de déchets, dont 10% sont des déchets ménagers, le reste se répartissant dans des secteurs aussi variés que le bâtiment, les industries, les services publics comme les hôpitaux, l'agriculture... Mais seuls 40 à 45% de ces déchets sont recyclés : 29% sont enfouis en décharge, et 32% sont incinérés. On entend parfois que passer à un modèle plus propre coûterait beaucoup trop cher : pourtant, le montant de l'ensemble des déchets produits par notre pays chaque année nous coûte 16 milliards par an. Ces données sont d'autant plus révoltantes qu'il faut les rapporter au gâchis qui sévit dans une France où le tiers des aliments sont par exemple jetés à la poubelle, notamment les invendus.
Le chantier de l'économie circulaire et de la sortie du tout-jetable est vaste, mais il est à notre portée et s'inscrit dans l'écologie positive et de bon sens que nous devons porter. Car s'il va falloir interdire ou pénaliser des pratiques nocives pour l'environnement et mettre en place certaines contraintes sans lesquelles nous ne pourrons changer notre modèle de production et de consommation, il existe des initiatives, des projets d'avenir que nous devons encourager et libérer. L'économie circulaire pourrait créer autour de 500 000 emplois !
Il faut pour cela sortir des sentiers battus et renouer avec l'esprit de conquête. Une bonne partie de ce projet national passera par exemple par le développement de l'économie de la mer, enjeu complètement oublié par la classe politique et dont notre pays devrait faire une priorité. Notre potentiel maritime peut ainsi devenir ainsi pilier de l'économie circulaire et contribuer à réduire drastiquement le nombre de déchets produits dans notre pays. On sait que la pollution plastique fait des ravages dans les écosystèmes marins : or le plastique biodégradable à base d’algues pourrait remplacer les plastiques pétrosourcés. Des procédés tels que celui lancé par la start-up Algopack, s’ils étaient généralisés, pourraient permettre de beaux progrès dans la croissance durable. La France peut et doit être un pilier mondial tant au niveau de la réduction du nombre de déchets qu'au niveau de la recherche des conséquences des pollutions qu'ils génèrent, ce qu’elle a déjà commencé via des programmes scientifiques tels que le voilier Tara.
De même, le développement de matériaux de construction plus durables ou de modèles alimentaires alternatifs est indispensable pour sortir du tout-jetable et viser le zéro déchets non-recyclés.
Enfin, le développement de l'économie circulaire et d'une production-consommation plus responsable passe par des réformes libérales pour soutenir la compétitivité du made in France : nous ferons beaucoup plus pour l'environnement, pour notre qualité de vie et pour la croissance durable en favorisant et soutenant des productions locales et responsables qu'en multipliant les taxes et les réglementations qui ne feront que favoriser la fabrication à l'étranger de produits non-recyclables.
Le zéro déchet est une ambition réaliste à moyen terme. Atteindre la neutralité carbone pourra difficilement se faire avant, au mieux, la fin de la décennie 2040, et protéger puis revitaliser notre biodiversité sera aussi un chantier de longue haleine. Mais réaliser rapidement la transition vers une économie circulaire ne générant plus aucun déchet qui ne puisse être recyclé est un objectif que notre pays peut atteindre bien plus vite qu'on ne le croit, pour le plus grand bénéfice de son économie.